Ermant

À côté des grands temples édités ou en cours d’édition, de nombreux monuments partiellement conservés attestent de la vitalité des clergés et des théologies thébaines, tant dans les centres principaux que dans les temples périphériques. Le thème de recherche consacré aux théologies thébaines tardives intègre en particulier deux projets épigraphiques et archéologiques sur les sites d’Ermant et de Tôd [lien], situés à quelques kilomètres au sud de Louqsor.
Ancrée profondément dans l’histoire de la ville d’Ermant (l’ancienne Hermonthis) qui a joué un rôle prépondérant dans le développement des théologies thébaines, cette étude vise en premier lieu à analyser l’ensemble des ruines du temple principal du dieu Montou
(daté du règne de Ptolémée XII Néos Dionysos) et à inventorier les vestiges disséminés dans la ville. L’étude de la cité antique d’Ermant ne peut se concevoir qu’à l’échelle régionale, c’est-à-dire en étroite relation avec les autres temples du dieu Montou (le « Palladium ») et l’ensemble des théologies thébaines, ce qui implique une indispensable ouverture vers la documentation fournie par les sites voisins.
Depuis les fouilles menées dans les années 1930-194 par R. Mond et O.H. Myers sous les auspices de l’Egypt Exploration Society qui ont mis au jour le Bucheum et les vestiges du temple principal de Montou, aucun véritable travail archéologique n’a été entrepris sur le site. Le projet de la Mission Archéologique des Temples d’Ermant, mené sous les auspices de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire et de l’UMR 5140-ASM (1), vise à remettre à l’honneur ce site de première importance, tant sur le plan religieux qu’historique.

Les premières missions de travail ont débuté en 2001 et concernaient exclusivement des relevés épigraphiques, ne nécessitant qu’une logistique légère ; le travail s’est alors concentré sur les cryptes décorées sous Ptolémée XII Néos Dionysos (88-51 av. J.-C.), publiées en 2005 (2).

Suite à l’étude et à la publication des cryptes, il s’agit désormais de relever et d’étudier l’ensemble des vestiges du temple de Montou et des temples périphériques situés dans la ville moderne. Le sanctuaire principal du temple a été dégagé et un premier relevé de l’architecture a été réalisé ; cette première étape est décisive pour tenter d’appréhender les éléments de la conception spatiale et technique. Parallèlement, un premier travail de relevés épigraphiques sur films plastiques à l’échelle 1:1 a été initié pour inventorier l’ensemble des reliefs du temple.

La poursuite de la fouille archéologique du temple et de ses abords constitue désormais l’élément principal du programme de recherche envisagé sur le site. Elle permettra de préciser le plan de l’édifice principal dans son dernier état de construction, les différentes modifications opérées au cours du temps ainsi que les techniques de mises en œuvre architecturales employées par les anciens Égyptiens.
De très nombreux blocs ayant appartenu aux parois du temple sont encore présents sur le site, en surface. D’autres sont visibles, partiellement enterrés en bordure du temple et laissent augurer des découvertes à venir. C’est à partir de cette documentation que l’on sera en mesure de préciser le programme décoratif du temple et d’en présenter les textes hiéroglyphiques relatifs aux cultes qui étaient célébrés dans la cité d’Hermonthis. Pour autant, l’étude de la cité antique d’Ermant ne peut se concevoir qu’à l’échelle régionale, c’est-à-dire en étroite relation avec les autres temples du dieu Montou et l’ensemble des théologies thébaines, ce qui implique une indispensable ouverture vers la documentation fournie par les sites voisins.
Dans le cadre de cette étude des monuments d’Ermant, une attention particulière concerne le célèbre mammisi daté du règne de Cléopâtre VII et Césarion, principal monument de la ville signalé par les visiteurs depuis le XVIIIe siècle jusqu’à son démantèlement en 1861-1862 pour bâtir la sucrerie d’Ermant. R. Mond et O.H. Myers ont également travaillé sur l’emplacement de cet édifice ; le travail de publication de ce monument, fondé sur les relevés et photographies anciens avait été entrepris mais la mort de R. Mond a mis un terme à ce projet. Des relevés anciens (Champollion, Lepsius) ainsi que des clichés de voyageurs permettent d’envisager raisonnablement l’analyse d’une grande partie du programme iconographique et théologique du monument. On y associera naturellement une étude sur la découverte du monument par les premiers voyageurs (récits, gravures).

Objectifs :
– Analyses architecturale, topographique et épigraphique des temples successifs du dieu Montou-Rê
– Synthèse de l’ensemble de la documentation livrée par le site et la ville d’Ermant au sein d’une carte archéologique assurant la préservation et la gestion des vestiges.
– Synthèse sur les théologies locales liées au dieu Montou et à son animal sacré qu’est le taureau Bouchis.
– Mise en perspective de l’ensemble de l’apport documentaire du site d’Ermant avec les données fournies par les autres sites de la région.

Méthodes :
– Analyse et étude globale des vestiges antiques de la ville d’Ermant associant l’architecture, la topographie, l’analyse d’images satellitaires, l’épigraphie et l’archéologie.

– Analyse des archives R. Mond et O.H. Myers conservées à Londres (Egypt Exploration Society).

Ces divers aspects de la recherche sont ainsi explicitement inscrits dans une dimension géographique permettant une analyse de l’ensemble des données de terrain et assurant une meilleure gestion des zones archéologiques les plus menacées en collaboration avec le Ministère des antiquités d’Égypte.

Christophe Thiers

(1) Avec le soutien du Labex Archimede IA ANR-11-LBX-0032-01  (voir la page du programme) et du Fonds Khéops pour l’archéologie.

(2) Chr. Thiers, Y. Volokhine, Ermant I. Les cryptes du temple ptolémaïque. Étude épigraphique, MIFAO 124, Le Caire, 2005.

Vue générale depuis le nord.
Dépôt statuaire dans les fondations du temple.

Bibliographie :

Chr. Thiers, Y. Volokhine, Ermant I. Les cryptes du temple ptolémaïque. Étude épigraphiqueMIFAO 124, Le Caire, 2005.

– Chr. Thiers, Ermant II. Bab el-Maganîn (Ermant II, nos 1-33), MIFAO 147, Le Caire, 2022.

– Chr. Thiers, Ermant III. Les vestiges au nom d’Hadrien, MIFAO 154, Le Caire, 2024.

– Chr. Thiers, « Ermant, l’Héliopolis du Sud : travaux récents dans une capitale thébaine », BSFE 211, 2024, p. 89-113.

– L. Postel, « À la recherche des cimetières d’Ermant : un nouveau regard sur la nécropole de Salamiya (Mahgar el-Salamiya) », dans O. El-Aguizy, B. Kasparian (éd.), Twelfth International Congress of Egyptologists ICE 12, 3rd-8th November 2019, Cairo, Egypt, BiGen 71, Le Caire, 2023, p. 305-316.

– Chr. Thiers, « Les temples thébains durant le règne de Vespasien. Apport préliminaire du site d’Ermant », ENiM 15, 2022, p. 93-115

– Chr. Thiers, « Documents anciens et nouveaux relatifs au taureau Boukhis dans la région thébaine », dans Chr. Thiers (éd.), Documents de Théologies Thébaines Tardives (D3T 4), CENiM 27, Montpellier, 2021, p. 143-161.

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– Rapports d’activité dans Egyptian Archaeology (rubrique « Digging Diary ») 30, 32, 34, 36, 38, 40, 42, 44, 46, 48, 50, 52, 54, 56, 60, 62 (2007-2023) et dans le rapport d’activité de l’Institut français d’archéologie orientale (BIFAO-Suppl., depuis 2002).

Rapport 2016

Rapport 2017

Rapport 2018

Rapport 2019

Rapport 2019 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger 2020

Rapport 2020

Rapport 2021 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger 2022

Rapport 2022 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger 2023

Rapport 2023 Bulletin archéologique des Écoles françaises à l’étranger 2024

Voir aussi dans «La Recherche»

Atfih, la nécropole des vaches sacrées (Mission 2008) – Mission Égypto-Française d’Atfih À environ 80 km au sud du Caire, sur la rive orientale du Nil, Atfih – nom moderne de la ville – occupe l’emplacement de l’ancienne Tepihou, appelée Aphroditopolis à partir de l’époque hellénistique. La divinité principale de la métropole de la 22e et dernière province de Haute-Égypte était une Hathor. L’important rôle de mère nourricière de la déesse dans cette localité favorisa certainement son association à Isis et à Hésat. Ces divinités pouvaient se manifester par l’intermédiaire d’une vache [fig. 1] qui avait droit à un entretien particulier et à un culte à Atfih. La tombe du prêtre Padiaménopé (TT33), Thèbes, TT 33, fin XXVe – début XXVIe dyn. La tombe du prêtre lecteur et chef Padiaménopé (Pétaménophis) rassemble une collection de corpus funéraires égyptiens et l’intègre dans une architecture exceptionnelle comprenant 22 salles réparties sur 4 niveaux. Ces textes, souvent remaniés par rapport aux versions du Nouvel Empire, sont largement inédits. Le programme VÉgA (Vocabulaire de l’Égyptien Ancien) Les ostraca littéraires de Deir al-Medina Étude et publication MAHES : Momies animales et humaines égyptiennes : perception de la mort en Égypte ancienne à travers l’étude des animaux sacrés Les nécropoles de l’ancienne Égypte ont livré des momies animales par millions, témoignant ainsi de la ferveur des Égyptiens à l’égard de ces animaux sacrés et révélant la place majeure que ces derniers occupaient au sein de la religion. Or, paradoxalement, les croyances et les pratiques liées à ce culte sont mal connues. Ortempsol – Orientation des temples à divinités solaires en Égypte En Égypte l’espace politique et l’espace religieux se superposent. Ils se matérialisent sur le territoire par le temple, médium entre le terrestre et le divin. De par ce rôle, l’orientation du sanctuaire (premier rite de la liturgie de fondation) revêt une charge symbolique importante. Projet DecoProg : Idéologie et légitimité royales au début du Nouvel Empire : La fonction et le programme décoratif des « temples de millions d’années » Projet Hammamat Plan de publication Série « Ouadi Hammamat » Projet Karnak projet Konosso Temple d’Amon-Rê à Karnak En partenariat avec le Centre Franco-Égyptien d’Étude des temples de Karnak (USR 3172 du CNRS, CFEETK), plusieurs projets sont en cours dans le grand temple d’Amon-Rê à Karnak.