La mission archéologique IFAO/UMR 5140 (Cnrs-univ. Montpellier 3) s’est déroulée du 2 au 25 décembre 2009. Ont pris part à la mission : Christophe THIERS (égyptologue, USR 3172-CFEETK, chef de mission), Hassân EL-AMIR (restaurateur, IFAO), Sébastien BISTON-MOULIN (égyptologue, univ. Montpellier 3), Romain DAVID (céramologue, univ. Montpellier 3), Catherine DEFERNEZ (archéologue-céramologue, UMR 8152-univ. Paris Sorbonne), Jean-François GOUT (photographe, USR 3172-CFEETK), Damien LAISNEY (topographe, IFAO), Delphine PETRO-VOLOKHINE (égyptologue, univ. Genève), Lilian POSTEL (égyptologue, univ. Lyon 2-HiSoMA UMR 5189), Youri VOLOKHINE (égyptologue, univ. Genève), Pierre ZIGNANI (architecte-archéologue, USR 3172-CFEETK). Le Conseil suprême des antiquités égyptiennes était représenté par Mansour EL-BADRI MOUSTAFA ALI (inspectorat d’Esna) et El-Chazly CHEIBAT EL-AMBD MADANI (inspecteur-restaurateur, inspectorat d’Esna).
Relevés architecturaux
Pierre Zignani et Damien Laisney ont poursuivi le relevé architectural des vestiges du temple de Montou-Rê. Le travail s’est concentré sur le mur tardif bâti sur la bordure orientale de la cour du temple. Comme cela avait été noté lors de la saison précédente, ce mur a coupé la partie orientale du môle est du pylône Nouvel Empire. Une porte a été prévue par les bâtisseurs de ce mur, porte dont le montant nord est encore visible, mais laissée à l’état de projet. Cette porte était prévue pour s’ouvrir sur l’emplacement du pylône, qui aurait dû, en conséquence, être entièrement démantelé si le projet avait été mené à terme. Entre ce mur qui clôturait la cour et la cour elle-même, un autre mur fût bâti (époque byzantine ?), ses parements extérieurs remployant en particulier des blocs du pylône portant la dédicace en hiéroglyphes de grand module. Ce mur a également été relevé.
La principale tâche de cette courte mission a été dévolue au déblaiement du kôm de débris laissé sur l’emplacement de la voie Decauville utilisée jadis par R. Mond et O.H. Myers. Ce travail devra être poursuivi au cours des prochaines missions pour atteindre la plateforme de fondation du pronaos. Malgré l’état perturbé de ces débris dû aux sebakhin et aux pilleurs qui ont démantelé le temple, la céramique a été systématiquement examinée (voir infra).
Épigraphie
Lilian Postel a continué l’étude et le relevé des blocs du Moyen Empire qui avaient été réutilisés dans les fondations et dans le sol des cryptes du naos ptolémaïque et dont beaucoup sont aujourd’hui entreposés dans la crypte 2. La majorité des blocsrelevés cette année appartient au règne d’Amenemhat Ier.
L’examen du calcaire employé comme du style du décor en relief dans le creux a permis de distinguer deux ensembles différents – chronologiques ou simplement architecturaux – dans les constructions de ce roi. Enfin, au cours des dégagements entrepris sur la plate-forme de fondation du pronaos, un nouveau bloc au nom d’Amenemhat (Ier) a été mis au jour (voir infra).
Sébastien Biston-Moulin a poursuivi l’étude des blocs du Nouvel Empire remployés dans les fondations du pronaos du temple de Montou-Rê. Un nouveau fragment de la stèle de Kamosis a été découvert, complétant la partie inférieure droite du monument et permettant de positionner la totalité des fragments inscrits trouvés en 2008. Mansour El-Badri Moustafa Ali et El-Chazly Cheibat el Ambd Madani ont largement contribué à l’identification et au repositionnement des nombreux petits fragments de cette partie inférieure droite de la stèle.
L’inventaire des blocs entreposés sur les banquettes a été poursuivi par Youri Volokhine. Environ 160 fiches ont été dressées, concernant en grande majorité des fragments ptolémaïques et romains. Delphine Petro-Volokhine a effectué le relevé de plusieurs blocs épars ainsi que des textes ramessides inscrits sur le passage oriental de la porte du pylône. Christophe Thiers a également effectué les relevés de plusieurs blocs ptolémaïques et romains, pour la plupart découverts en 2008 sur la bordure orientale du site.
La couverture photographique de plusieurs blocs Moyen et Nouvel Empire ainsi que de l’unique tête de lion-gargouille nécessitantun éclairage au flash a été effectuée par Jean-François Gout.
Études céramologiques
Romain David et Catherine Defernez ont achevé l’étude du mobilier provenant de la tranchée de sondage réalisée en bordure du kôm du Decauville anglais. Même si des niveaux perturbés sont apparus, la typologie qui en ressort n’est pas exempte d’intérêt. Non seulement, elle apporte un complément d’informations au corpus mis en place par R. Mond et O.H. Myers mais encore elle l’agrémente de nouvelles formes tout en actualisant la documentation. Aussi, la comparaison avec des sites comme Tôd, dont les productions sont en grande partie semblables, offre l’opportunité d’ancrer le site d’Ermant au cœur d’une dynamique locale voire régionale en ce qui concerne la production de céramique. Les datations que nous proposons sont essentiellement fondées sur l’examen des céramiques importées. La présence remarquable de vaisselle en EgyptianRed Slip Ware A ainsi que les nombreuses attestations d’amphore LRA 7, dont la chronologie a été récemment affinée, nous permettent de définir une période d’occupation comprise entre le Ve et le VIIIe siècle. Cette année, le déblaiement systématique du kôm de débris a fourni une quantité considérable de céramique dont l’étude précisera ces premières constatations. En outre, la découverte d’ostraca copte et de plusieurs monnaies permettra possiblement d’affiner les différentes phases d’occupations tardives.
Conservation-restauration
À l’intérieur de l’enceinte, Hassan el-Amir a nettoyé et consolidé le montant de calcaire d’Ahmosis et la stèle de Kamosis.Il a supervisé le déplacement d’une dalle de grès remployée dans les fondations du pronaos. Cette dalle laissée apparaître, au-dessous d’elle, un bloc de calcaire. Il était tentant de supposer qu’il aurait pu s’agir d’un fragment de la stèle de Kamosis. Après un dégagement soigneux, il est apparu que ce bloc est un élément de porte au nom d’un roi Amenemhat. Il pourrait s’agir d’Amenemhat Ier déjà bien attesté à Ermant. Hassan el-Amir a également supervisé la restauration des deux puits, le plus grand situé dans la cour du temple, l’autre sur la bordure ouest du môle ouest du pylône. Après reconstruction en briques cuites des margelles, une grille métallique a été apposée pour prévenir toute chute. Un bloc de canalisation en calcaire associé au grand puits a été replacé dans sa position d’origine.
Bab el-Maganîn
En toute fin de saison, quelques relevés épigraphiques de bloc épars ont été effectués par Christophe Thiers à Bab el-Maganîn. La courte durée de la mission n’a pas permis de poursuivre le programme de restauration des blocs.
Christophe Thiers