La mission archéologique s’est déroulée du 6 novembre au 4 décembre 2007. Le Conseil Suprême des Antiquités était représenté par Adel Abdel Satar Mohamed, inspecteur à Esna. Un généreux don de la Société d’Égyptologie de Genève est venu renforcer le soutien logistique et financier de l’Ifao et de l’UMR 5140 (Cnrs-Univ. Montpellier III).
Temple de Montou-Rê
Le programme de travail a principalement concerné la poursuite de l’étude de la plateforme de fondation du temple ptolémaïque. Pierre Zignani (architecte, Cnrs UMR 5140) et Damien Laisney (topographe, Ifao) ont ainsi pu compléter le relevé pierre à pierre du pronaos (à l’exception de la partie qui est encore sous l’ancien tracé de la voie Decauville). Le nettoyage a permis de mettre en évidence les remplois du Nouvel Empire utilisés massivement dans la construction des fondations de cette partie du temple. Tous les blocs dont la datation est assurée appartiennent au règne de Thoutmosis III. On signalera en particulier des tambours de colonnes à seize pans portant une colonne de texte, dont plusieurs avaient été vus par Lepsius (LD Text IV, p. 1 ; R. MOND, O.H. MYERS, Temples of Armant 1, p. 173) ; la nécessité de poursuivre le dégagement due au glissement de plusieurs blocs a permis d’en identifier cinq. Des blocs portant des représentations de grand module, également signalés par Lepsius, apparaissent dans ce secteur épierré en profondeur.
Le relevé architectural a également concerné le pylône du Nouvel Empire ; le môle est a été entièrement relevé cette saison, ainsi que le départ du dromos, le passage dallé et l’autel gréco-romain installé dans la cour. Afin de prévenir l’effondrement d’une partie de ce monument, un mur de soutènement a été réalisé, sous la direction d’Hassan el-Amir (restaurateur, Ifao).
La tranchée de sondage commencée en 2006 au cœur du talus du Decauville a été poursuivie. La stratigraphie est composée de niveaux hétérogènes de tessons de céramiques (Late Roman), de briques cuites et de fragments de débitage (grès, calcaire, granite) alternant avec des strates limoneuses. Il s’agit de niveaux de destruction du temple et d’exploitation du site comme carrière. Le niveau élevé de la nappe phréatique n’a pas permis de poursuivre ce sondage mais une partie de la plateforme de fondation du temple a été mise au jour. Le dernier niveau atteint a livré un fragment de granite appartenant probablement à un montant de porte ou de naos.
Le programme de relevés épigraphiques s’est poursuivi, travail principalement mené par Youri Volokhine (Univ. Genève) ; une centaine de nouveaux fragments a été inventoriée, la plupart datant de l’époque ptolémaïque et du Nouvel Empire. On signalera en particulier deux blocs mentionnant le Bouchis d’Ermant ainsi qu’un fragment de petites dimensions livrant le nom de l’Empereur Néron. Le nettoyage des abords extérieurs du pylône a permis de mettre au jour plusieurs blocs et éléments statuaires, la plupart ayant été vraisemblablement entreposés là par les fouilleurs anglais.
Enfin, un fragment de pattes de lion-gargouille a été extrait de l’amas de blocs de la partie arrière du temple ; un seul côté était jusqu’alors visible. Une fois dégagé, le bloc a livré deux nouvelles lignes de texte sur le côté gauche et, plus surprenant, une inscription démotique de trois lignes gravée sur le sommet de la bordure gauche du canal d’évacuation de l’eau. Brisé en plusieurs fragments, le bloc a été partiellement remonté par Hassan El-Amir et l’enduit et les couleurs encore vives ont été fixés (Paraloïd). La poursuite du nettoyage de ce secteur permettra peut-être de compléter le bloc. Les textes hiéroglyphiques de cette gargouille livrent d’intéressants parallèles assurant les lectures d’un autre fragment déjà connu mais extrêmement lacunaire.
L’importance des travaux de consolidation et de restauration des blocs à l’intérieur de l’enceinte du temple de Montou-Rê n’a pas permis, au cours de cette saison, de poursuivre les travaux dans le secteur de Bab el-Maganîn.
Christophe Thiers