De nombreuses pièces architecturales sont réutilisées dans les citernes et les mosquées alexandrines, datées du Moyen-Âge ou de l’Empire ottoman. Ce riche matériel de réemploi, constitué essentiellement de chapiteaux, remonte aux époques romaine tardive et byzantine et apporte beaucoup à la connaissance de l’architecture de la ville pendant ces siècles, du reste très mal conservée. Il permet notamment de vérifier la typo-chronologie déjà établie et de reprendre sur une nouvelle base la question de l’origine, de l’évolution et de la diffusion des formes, en rapport avec le centre du pouvoir, mais aussi avec les régions avoisinantes. En même temps, cette étude de cas pose des problèmes méthodologiques qui concernent le phénomène – universel – de la récupération d’éléments de construction anciens et de leur intégration dans de nouvelles structures. En effet, les enjeux liés à ces procédés, récurrents dans la recherche archéologique des dernières décennies, ont été abordés et interprétés de manières diverses. Si certaines approches insistent sur la disponibilité des ruines et les considérations pratiques, d’autres font intervenir des paramètres esthétiques ou idéologiques. Il s’agit, par extension, de la perception des civilisations passées et du patrimoine qu’elles ont légué.
Hélène Fragaki est docteur en archéologie classique de l’Université Paris Ouest-Nanterre et a soutenu une HDR à l’Université Lumière Lyon 2 en 2022. Ses principaux intérêts de recherche et publications concernent l’architecture, l’art, mais aussi l’ingénierie, en particulier les automates, dans l’Alexandrie gréco-romaine. Elle a également travaillé sur l’iconographie et sur la peinture romaine en rapport avec l’Égypte, ainsi que sur le phénomène du réemploi aux époques médiévale et ottomane. Elle collabore depuis plusieurs années avec le Centre d’études alexandrines, pour différents projets, et elle a participé, plus récemment, aux fouilles de la Mission archéologique française à Bouto (Tell el-Faraʽin, Delta occidental). Elle a enseigné l’art et l’archéologie grecque et romaine aux universités Paris Ouest-Nanterre et Paris Est – Marne-la-Vallée, puis à Université ouverte de Chypre et à l’Institut catholique de Paris. De 2017 à 2021 elle a été post-doctorante à l’Université de Leyde. Elle est actuellement Mercator Fellow à l’Université d’Augsbourg au sein du programme de la DFG « Hellenistische Könige und pragmatischer Regionalismus: Selbstdarstellung, politische Praxis und Wahrnehmung » (2023-2025).
Soumis par Martine Assénat et Christophe Thiers